Le 23 janvier 2016, à San Diego (Californie, États-Unis), Viola Frymann, figure emblématique de l’ostéopathie, nous a quittés à l’âge de 94 ans. Elle aura consacré la majeure partie de sa vie au service de l’ostéopathie crânienne, pour les enfants notamment, aux États unis et à travers le monde. Reflex Osteo a souhaité revenir sur le parcours de cette pionnière, et lui rendre hommage.
Viola Frymann est née en 1921, en Angleterre. C’est grâce à son père, souffrant de la
tuberculose, et soigné à l’époque par un ostéopathe, qu’elle a découvert cette thérapie manuelle à l’âge de 4 ans. Cet épisode fut aussi déterminant dans sa décision de devenir médecin. Elle fit alors ses études à Londres, et devint docteur en médecine. Rapidement, l’inadéquation du système médical face aux besoins des patients la poussa à se remettre en question. Elle parlera plus tard dans un de ses ouvrages de « diagnostic palpatoire émotionnel », sans doute ce qui manquait à sa pratique en tant que médecin. C’est ainsi qu’elle se tourne vers l’ostéopathie et s’inscrit au College of Osteopathic Physicians and Surgeons de Los Angeles dont elle sortira diplômée en 1949.
L’année de son diplôme, la naissance de Paul, son fils, fut un événement marquant pour Viola. Il était particulièrement inconsolable, avait une digestion difficile et vomissait de façon intempestive. Après avoir eu recours à la médecine conventionnelle, entre les mains des meilleurs dit-on, son fils succomba à ses troubles et décéda, alors qu’elle était encore étudiante. Traumatisée par cette perte, elle chercha des réponses aux maux de son enfant, et entendit ainsi parler de William Garner Sutherland. Il affirmait à l’époque que les os du crâne possédait une mobilité propre. Lors d’une de ses conférences, elle se surprit à entendre la description des symptômes de son défunt Paul, qui résulteraient d’un accouchement traumatique selon lui. C’est ainsi qu’elle s’est lancée dans le champ crânien de l’ostéopathie, en apprenant non sans mal à percevoir la mobilité des os du crâne. Au delà de la mobilité, les résultats miraculeux qu’elle obtenait auprès des patients la confortait dans l’efficacité de l’ostéopathie crânienne. Sutherland, lui, était persuadé que son approche s’appliquait particulièrement aux enfants, et s’était promis de transmettre à Viola toutes ses connaissances en héritage. C’est ainsi qu’en 1963, elle publie la première recherche scientifique regroupant 1250 enfants, qui documente les conséquences des naissances traumatiques.
En 1982, elle réalise son rêve et créé l’ Osteopathic Center for Children (OCC), un centre d’accueil et de traitement ostéopathique pédiatrique. C’est l’aboutissement du travail de sa vie. Il est aujourd’hui le leader mondial dans le traitement ostéopathique des enfants, et dans l’enseignement de l’ostéopathie pédiatrique aux professionnels.
Viola Frymann, fermement engagée dans la transmission du savoir ostéopathique, a joué un rôle clé dans l’ouverture d’écoles, notamment en participant activement à la création du College of Osteopathic Medicine of the Pacific en 1975 en Californie, et en y enseignant de 1978 à 1999. Elle a par la suite fondé l’Osteopathy’s Promise to Children (OPC) en 1992, et a enfin enseigné les principes et pratiques de l’ostéopathie crânienne dans de nombreuses écoles aux États-Unis et à travers le monde (France, Italie, Canada, Australie, Suisse, Belgique, Angleterre, Russie…). Viola Frymann fut le promoteur de l’ostéopathie crânienne auprès des médecins, ostéopathes, mais aussi auprès de docteurs en chirurgie dentaire.Sa renommée fut récompensée par plusieurs titres, notamment l’Andrew Taylor Still Medallion of Honor (la plus haute distinction décernée par l’American Academy of Osteopathy), et le Prix William G. Sutherland, décerné par la Cranial Academy. Ses nominations au titre de professeure émérite en France et au Canada témoignent de son investissement à l’échelle internationale.
Toute sa vie, Viola Frymann a œuvré pour le développement de l’ostéopathie crânienne aux États-Unis et dans le monde. Pierre Tricot, initiateur de l’approche tissulaire en France, qui a eu l’honneur d’apprendre à ses côtés, la décrit comme une femme discrète et réservée, excellente pédagogue, qui rendait la compréhension de l’ostéopathie claire et limpide, notamment grâce à sa présence et son envie de transmettre. Nous ne pouvons que la remercier pour tout ce qu’elle a apporté au monde de l’ostéopathie, et lui souhaitons de reposer en paix, chère Viola Frymann.